Le top 7 des sentiers et randonnées balisés en Suisse romande
Tout savoir sur les panneaux jaunes et leurs secrets
Environ 65'000 km de sentiers et quelque 50'000 écriteaux jaunes constituent les réseaux suisses en forêt. Boueux ou escarpés, tortueux ou rocailleux, ces parcours sont le produit d’un travail associatif mené sur près de 100 ans.
Sur les sentiers suisses, les emblématiques panneaux jaunes sont toujours de bon augure. Des voies enchantées en plaine, en montagne ou sur des parcours alpins balisés. Des rivières qui finissent en cascade, d’immenses forêts de sapins, des marmottes ou des troupeaux de cervidés. Un énorme bol d’air frais, généralement agrémenté d’un pique-nique.
Les plus chanceux apercevront au loin un loup, grand prédateur de retour dans nos régions boisées. Une beauté naturelle éblouissante qui fait la renommée mondiale de nos régions et le bonheur des randonneurs de tous les niveaux. Nous vous présentons nos 7 balades coups de coeur !
En savoir plus sur les origines et l'histoire des panneaux jaunes
1. Chemin des Planètes
De Tignousa à l’Hôtel Weisshorn ou à Zinal (VS)
Voyagez dans le cosmos valaisan ! © Sierre-Anniviers
Dans les hauteurs de Saint-Luc, on prend le funiculaire direction la Tignousa. Là, on est accueilli par un préau fabriqué pour les astronautes en herbe. Un vaisseau spatial en bois, une tyrolienne et autres aménagements d’inspiration cosmique.
On suit un chemin assez plat qui emmène à la découverte de notre Système solaire. Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune marquent les étapes de 4,5 kilomètres de balade pédagogique.
On arrive à l’Hôtel Weisshorn, institution construite en 1882 à 2337 m d’altitude. On déguste un petit plat de montagne, avant de retourner à Saint-Luc en car postal par Zinal, un peu plus loin–on y apercevra Pluton. Ou bien on rentre par Gilou, en dessous de l’hôtel, ou encore par les Girettes.
EN CHEMIN
L’Observatoire François-Xavier Bagnoud situé à 100m à droite de l’arrivée du funiculaire. Des soirées d’observation des étoiles y sont régulièrement organisées.
Distance : 13 km
Montée : 237 m (jusqu’à l’Hôtel Weisshorn)
Descente : Dépend du chemin de retour choisi
Niveau : Facile
Temps : 4 h
Contact :
Office du tourisme de St-Luc
Tél. 027 476 17 10
valdanniviers.ch
2. Route des vins suisses
De Cully à Saint-Saphorin (VD)
Un chemin qui associe randonnée et dégustation de vins. © Montreux-Vevey Tourisme - Marie Contreras
La balade commence dans le charmant village de Cully, qui ouvre la saison de musique en plein air en avril chaque année. On prend un peu de forces sur une des nombreuses terrasses ensoleillées du port, avant de s’élancer dans les époustouflantes terrasses de Lavaux, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.
On traverse le village d’Epesses et ses ruelles étroites. En chemin, on déguste autant les délices du terroir que la vue sur les vignes et le lac Léman surplombé par les montagnes.
Une majestueuse cascade annonce l’arrivée à Rivaz, puis à Saint-Saphorin et son château médiéval de Glérolles, à quelques minutes supplémentaires de là.
EN CHEMIN
Le Vinorama, à Rivaz, où on peut déguster et acheter du vin.
Distance : 6,47 km
Montée : 138 m
Descente : 150 m
Niveau : Facile
Temps : 2 h
Contact :
Montreux Riviera
Tél. 0848 86 84 84
montreuxriviera.com
3. Au fil du Doubs
Des Brenets à St-Ursanne (JU)
La charmante bourgade médiévale de St-Ursanne. © Reto Duriet
Un défi pédestre transfrontalier sur quelques jours. Ce parcours qui longe l’eau emmène le promeneur contemplatif à travers le Parc naturel régional du Doubs. Le réseau téléphonique manque sur ce chemin souvent 100% naturel ; une pause forcée de la connectivité.
On traverse parfois un pont ou on profite d’une barque traditionnelle pour traverser la rivière. Le Saut du Doubs, les échelles de la Mort, la Goule, le village franco-suisse de Goumois ou encore Soubey se suivent. On croise de nombreux emplacements culinaires, où la truite est à l’honneur. Pour conclure, on découvre la petite cité médiévale de St-Ursanne.
Les randonneurs moins ambitieux privilégieront le tronçon Maison Monsieur - Goumois, au fil d’une marche de 5 h 35 qui les mènera à travers les reliefs tourmentés du Doubs et la réserve forestière du Theusseret.
EN CHEMIN
Un peu de repos de luxe à l’Hôtel-Restaurant Taillard, un 4 * abordable à Goumois bénéficiant d’une piscine et d’une bonne cuisine.
Distance : 68 km
Montée : 1500 m
Descente : 1950 m
Niveau : Difficile
Temps : Environ 18 h au total
Contact :
Jura Tourisme
Tél. 032 432 41 50
j3l.ch
4. Sentier du vitrail
De Romont vers les rives de la Glâne (FR)
L'Église Saint-Maurice de Grangettes. © Switzerland Tourism - Jan Geerk
La culture s’allie à la balade, qui s’élance depuis le Vitromusée Romont, Musée suisse du vitrail et des arts du verre. Direction la Glâne, rivière qui traverse plusieurs municipalités.
On quitte la partie aquatique pour jeter un œil à la chapelle Sainte-Anne, puis on remonte à Mézières et son église, ainsi que son Musée du papier peint. On traverse une forêt pour arriver à Neirigue, qui longe un ruisseau du même nom. Là, on fait un petit détour à l’église de Grangettes, puis direction la chapelle de Notre Dame de l’Epine à Berlens, haut lieu de pèlerinage. En route pour Romont, on croise l’abbaye cistercienne de la Fille-Dieu. On conclut la balade à la collégiale.
EN CHEMIN
La ferme pédagogique Aux P'tites Bottes à Romont propose des ateliers aux familles, tant dans les potagers que sur les parcours équestres.
Distance : 16 km
Montée : 512 m
Descente : 517 m
Niveau : Facile
Temps : 4 h 25
Contact :
Office du tourisme de Romont et sa Région
Tél. 026 651 90 55
romont.ch
5. Boucle sur Corbetta
Des Rosalys aux Paccots (FR)
Cette région renvoie irrémédiablement à l’image carte postale de notre Suisse alpine. © Union fribourgeoise du Tourisme
Départ depuis le parking des Rosalys, tout proche d’un restaurant apprécié de la région qui porte le même nom. Des préaux entourés de sapins se suivent dans le cadre époustouflant des Préalpes fribourgeoises. On prend le chemin de la clairière, avant de rejoindre les alpages de la Mayetta et de la Vuichouda, où les troupeaux de bovins sont en estive durant la saison chaude.
De là, on grimpe jusqu’au sommet de Corbetta et on bénéficie d’une vue sur le lac Léman. En descendant, on rejoint le versant de la Cierne, qui sert de piste aux Paccots en hiver. Enfin, on atterrit sur les Vérollis et on ferme la boucle devant un plat gourmand bien mérité sur une terrasse ensoleillée.
EN CHEMIN
Les plaisirs du terroir en nombre, tels des fromagers, des buvettes ou des restaurants, peuvent être dégustés moyennant des détours.
Distance : 8,1 km
Montée : 392 m
Descente : 957 m
Niveau : Moyen
Temps : 3 h 10
Contact :
Les Paccots - La Veveyse Tourisme
Tél. 021 948 84 56
fribourg.ch
6. Sentier botanique Mille Fleurs
De Jorasse à Ovronnaz (VS)
Jonché de panneaux explicatifs, le sentier "Mille fleurs" offre de magnifiques vues panoramiques sur le Valais.© Office du tourisme d’Ovronnaz
Le télésiège de Jorasse et son restaurant d’altitude marquent le début de cette évasion végétale. Une vue sur les Muverans et la Dent Favre donne le ton d’un parcours plein de virages jusqu’au Petit Pré d’Euloi. C’est là que la flore offre son explosion de couleurs.
En arrivant à la croix de la Seya, à 2182 m d’altitude, on profite du panorama sur Ovronnaz et Leytron, plus bas, ainsi que sur la plaine du Rhône. Pas moins de 35 sommets dépassant les 4000 m entourent ce stade de la balade. Pour rentrer, on fait demi-tour jusqu’à Jorasse, ou bien on poursuit jusqu’à Grand’Garde, puis dans les alpages de Quieu et d’Odonne, avant de conclure la virée à Ovronnaz.
EN CHEMIN
Les Bains d’Ovronnaz offrent une belle opportunité de détente après l’effort.
Distance : 8,1 km
Montée : 392 m
Descente : 957 m
Niveau : Moyen
Temps : 3 h 10
Contact :
Office du tourisme d’Ovronnaz
Tél. 027 306 42 93
ovronnaz.ch
7. Sentier du Rhône
De la Jonction à La Plaine (GE)
blabla © Seth Tisue
Du départ au centre-ville, on est très vite dépaysé par un chemin qui borde le majestueux fleuve. Depuis le quartier de la Jonction, où la rencontre entre le Rhône et l’Arve crée un explosif contraste de couleurs aquatiques, on longe le plus calme des deux fleuves, laissant son voisin tempétueux derrière.
On grimpe un peu, mais on profite surtout d’une balade horizontale. La canopée fournit une ombre appréciée en été tant par les citadins que par d’innombrables espèces d’oiseaux.
On passe par la célèbre cité du Lignon, avant de rejoindre Aire-la-Ville. Un crescendo de ruralité éloigne définitivement de la bisbille urbaine, avant d’atterrir sur Avully, son château et ses ruines romaines.
EN CHEMIN
Le sentier peut être longé en bateau. Les plus téméraires se contentent d’une bouée, à leurs risques et périls.
Distance : 20 km
Montée : 460 m
Descente : 480 m
Niveau : Facile
Temps : 5 h 25
Contact :
Genève Tourisme
Tél. 022 909 70 70
geneve.com
Comment sont apparus les panneaux jaunes de randonnée ?
Cette image de carte postale est le fruit d’un incessant travail entamé en 1934 par l’enseignant zurichois Jakob Ess. De plus en plus saturées par le trafic automobile, même les routes les plus reculées n'assurent alors plus leurs fonctions bucoliques. Après une sortie scolaire au col du Klausen entravée par les pots d’échappement, l’enseignant décide d’agir.
Avec Otto Binder, secrétaire de la Fondation Pro Juventute et de l’association des Auberges de jeunesse suisses, le professeur lance la Fédération suisse de tourisme pédestre – rebaptisée aujourd’hui Suisse Rando. Plusieurs modèles d’écriteaux sont proposés, avec une préférence pour le vert initialement, mais on constate bientôt que cette couleur se fond trop dans le feuillage.
C’est un jaune un peu sale supportant un lettrage noir qui aura le dernier mot, devenant la couleur emblématique de toute une culture des loisirs. Pour mettre en pratique cette genèse institutionnelle, une armada de volontaires est recrutée. C’est nettement plus tard, en 1988, que la Loi fédérale sur les chemins de randonnée pédestre entre en vigueur.
Tous les cantons se soumettent dès lors à certaines règles cadres, dont la signalisation fait partie. « C’est typiquement suisse, souligne Patricia Cornali, porte-parole de Suisse Rando. La signalisation des chemins de randonnée pédestre est souvent contrôlée et entretenue par nos membres, les associations cantonales de tourisme pédestre. Dans la plupart des cas, des bénévoles se chargent de cette tâche. »
Les panneaux jaunes indiquent le niveau de balade le plus accessible, mais d’autres catégories s’y superposent. « Les chemins de randonnée de montagne sont marqués en blanc-rouge-blanc et les chemins de randonnée alpine en blanc-bleu-blanc. Les chemins de randonnée hivernale et les itinéraires de raquettes à neige sont marqués en rose », relève Patricia Cornali.
Qui paie l'installation et l'entretien des panneaux jaunes ?
Les coûts sont pris en charge par différentes instances étatiques. A Fribourg, c’est l’Union fribourgeoise du tourisme (UFT), membre active de Suisse Rando, qui finance l’entretien de 1599 km de balisages jaunes, soit 87% des sentiers pédestres du canton : « La base de notre réseau cantonal actuel a été planifiée en 1978, détaille Marie-Christine Repond, qui représente l’UFT. Trente-huit baliseurs et baliseuses s’occupent du contrôle des chemins pédestres et de l’entretien de la signalisation. »
Ailleurs, les autorités cantonales ou municipales chargent directement les associations cantonales de randonnée de l’entretien des réseaux, comme c’est le cas à Genève ou dans le Jura, notamment.
La qualité des sentiers n’est néanmoins pas toujours assurée. C’est ce que relève Pascal Bourquin, journaliste jurassien qui s’est lancé le défi ultime pour un randonneur suisse : parcourir l’ensemble des chemins balisés du pays sur 28 ans. En 10 ans de pratique, il est arrivé à environ 40% de ce colossal objectif, faisant de lui un expert inégalé du sujet.
« A 99%, les balisages sont parfaits, mais il y a des nuances entre les cantons et à l’intérieur des cantons, relève-t-il. Grâce à Suisse Rando, il y a eu énormément de progrès au fil du temps. Il y a dix ans, j’avais observé des grosses lacunes en Valais et la situation s’est grandement améliorée. »
Les risques et dangers
Randonneur d’un jour ou randonneur de toujours, il convient de rappeler que l’activité comporte des risques, indépendamment de la qualité des balisages. Les obstacles météorologiques, topographiques ou cartographiques font culminer l’imprévisibilité des balades. «Cela comprend les éventuels éboulements de terrain, chutes d’arbres ou de pierres ou encore les agriculteurs qui bloquent l’accès à leur propriété.
Parfois, Suisse Mobile, Suisse Rando ou swisstopo, les sites de référence pour les cartes de randonnée ne sont pas mis à jour parce que des responsables de secteur n’ont pas communiqué leur modification. J’ai constaté plusieurs fois que la vérité du terrain ne correspondait pas à la carte. »
Combien de panneaux jaunes vont être installés à l'avenir ?
Les cartes des chemins pédestres, justement, gagneront-elles encore des kilomètres à l’avenir ? En Suisse, le statu quo est désormais de mise dans bon nombre de cantons, à l’exception du Valais, qui a jauni 300 km de plus depuis 2018. « Notre réseau compte 1800 km et n’a pas pour objectif de se densifier fortement », assure ainsi Marie-Christine Repond.
Une résolution à laquelle fait écho Patricia Corneli : « Notre objectif n’est pas d’étendre le réseau de chemins de randonnée pédestre, mais de maintenir et d’améliorer constamment la qualité de l’existant. Aujourd’hui, nos chemins de randonnée font plus de 1,5 fois la circonférence de la Terre. » Une distance aussi titanesque qu’à la portée de tous les amoureux de la contemplation en nature. Allez ! On vous accompagne sur les premiers kilomètres.