Quel drone acheter en Suisse ?
Le permis de drone est désormais nécessaire et les exigences légales sont en hausse, on vous dresse une carte du marché suisse
Alors qu’une nouvelle législation encadre davantage la pratique depuis le 1e janvier 2023, Loisirs.ch effleure le sujet pour que les drones ne fassent plus figure d’OVNI à vos yeux.
Permis de drone en Suisse
Photographes amateurs et sportifs passionnés ne jurent plus que par eux pour rapporter des images aériennes saisissantes de leurs balades: les drones sont devenus en une dizaine d’années des objets familiers du paysage des loisirs high tech en Suisse avec quelque 60 000 télépilotes amateurs.
Un spectacle de drone à Genève a ainsi rassemblé quelque 1350 engins au-dessus de la Rade, fin mai 2023. La manifestation a rencontré un succès qui égalait presque celui du feux d'artifice pyromélodique des Fêtes de Genève.
Leur succès tient bien sûr au plaisir du pilotage, mais avant tout à la perspective inédite sur le monde qu’offrent ces petits aéronefs sans pilote. «On a accès à une vision qu’on n’a pas au sol », explique Fabian Jobin, cofondateur d’Upperview Productions, société spécialisée dans la vidéo et la prise de vue aérienne.
Moins cher
Il renchérit: «Il y a aussi un aspect nouvelles technologies, avec du matériel de plus en plus pointu, qui attire certains.» C’est en effet la miniaturisation des caméras HD dans les années 2010 qui est à l’origine de la démocratisation d’engins jusque-là réservés à un usage militaire et professionnel.
Le grand public a pu se procurer des appareils relativement peu onéreux capables d’un rendu photo et vidéo exceptionnel. A l’heure des réseaux sociaux et de la mise en scène de sa personne, le drone devient ainsi un objet lifestyle qu’il faut se procurer.
Violation de la vie privée
Fun, sans doute, mais pas que. Les possibilités de création de contenus qu’offrent ces gadgets peuvent vite faire tourner la tête, alors que les dangers de collision et de violation de la vie privée sont bien réels et exigent de garder les pieds sur terre. Des pilotes de ligne rapportent ainsi régulièrement avoir observé un de ces engins à proximité immédiate de leur avion.
«Les gens ont tendance à oublier qu’on a affaire à un des domaines les plus contrôlés, avec l’une des législations les plus strictes au monde», précise notre expert, qui insiste sur la nécessité pour les apprentis-pilotes «d’apprendre toutes leurs obligations». Et celles-ci ont été passablement renforcées le 1er janvier 2023 avec l’alignement de la Suisse sur la législation européenne.
Permis de drone
Les télépilotes amateurs, qui entrent dans la catégorie dite ouverte, selon la nouvelle réglementation, voient leur marge de manœuvre se réduire. Ils ont désormais l’obligation de s’enregistrer sur la plateforme UAS.gate, de suivre une formation et de passer un examen théorique gratuit en ligne.
Par ailleurs, le drone ne doit pas voler à une hauteur supérieure à 120 mètres et respecter une distance horizontale de sécurité avec les personnes non concernées par son exploitation.
Zones interdites
Certaines zones, comme les aérodromes, les prisons, les réserves naturelles ou les zones militaires ne doivent en outre en aucun cas être survolées. Une carte interactive reportant l’ensemble des restrictions géographiques est disponible sur le site de l’Office fédéral de l’aviation civile (bazl.admin.ch).
Pour Fabian Jobin, loin de mettre du plomb dans l’aile des pilotes, ces nouvelles dispositions sont une excellente chose: «On va avoir une uniformisation puisque jusque là, les cantons pouvaient émettre leurs propres restrictions. » Avec, à la clef, un certain flou. Dans le canton de Vaud, par exemple, on notait une superposition de règles fédérales, cantonales et communales.
Règles strictes
Et notre spécialiste d’expliquer qu’un système d’autorisation universellement reconnu conduira à une meilleure acceptation des drones dans l’espace public.
Ces règles un brin rébarbatives ne vous ont pas coupé les ailes et vous avez votre permis de drone suisse en poche? Vous êtes prêt à passer à la vitesse supérieure et à vous intéresser aux types d’engins disponibles.
Survol du marché des drones en Suisse
Les critères à prendre en compte dans le choix d’un drone sont l’usage souhaité, ses caractéristiques techniques, son prix et les obligations légales attachées à chaque type d’appareil.
Il faut compter de 30 à 100 fr. pour un micro-drone ou un drone jouet léger de petite taille (jusqu’à 50 cm). Certains de ces engins sont équipés d’une mini-caméra intégrée au fuselage. Ils sont conçus pour voler essentiellement en intérieur, ce qui fait d’eux des engins parfaits pour les débutants et les enfants, qui apprendront les manœuvres de base en toute sécurité.
Drones pour enfants
Pour réaliser des prises de vues aériennes de bonne qualité, il faudra investir dans un drone caméra équipé d’un système de stabilisation de vol. L’addition est d’environ 100 fr. pour un appareil d’entrée de gamme avec une caméra HD intégrée au fuselage et grimpe à 3000 fr. pour les plus sophistiqués, sur lesquels la caméra est fixée à une nacelle mobile qui assure une meilleure stabilité d’image.
Sur certains appareils, on peut monter une caméra externe comme une GoPro. Les images sont retransmises en direct sur un écran intégré à la télécommande ou sur un appareil externe tel qu’un smartphone ou une tablette.
Dernière catégorie, plutôt réservée aux pilotes aguerris, les drones FPV (First Person View), qui se pilotent coiffé d’un casque permettant au pilote de visualiser en temps réel ce que voit le drone en vol, comme s’il se trouvait à bord.
Ces appareils procurent des sensations de vol particulièrement immersives et s’utilisent notamment pour la course, un sport émergent qui voit des appareils rivaliser de vitesse (jusqu’à plus de 100 km/h!) sur des parcours d’obstacles. Les intéressés se renseigneront auprès de la Swiss Drone League, principale promotrice de cette pratique (swissdroneleague.ch).
Obligation du marquage CE
La toute nouvelle obligation pour les drones de porter un marquage CE (conformité aux directives européennes) et une étiquette de classe – qui définit essentiellement à quelle distance vous pouvez voler à proximité de personnes non impliquées –, fait que les appareils qui en sont dépourvus ne pourront plus être vendus.
Quant à ceux déjà en circulation, que les fabricants n’ont pas forcément intérêt à faire homologuer rétroactivement, ils seront soumis progressivement à un régime de plus en plus restrictif.
Attendre les modèles CE
On aura donc intérêt à attendre l’arrivée de modèles aux nouvelles normes, ou à se diriger vers des drones de moins de 250 g qui, eux, pourront continuer à voler sans restriction d’exploitation supplémentaire ni limite de temps.
Dans la catégorie des appareils plus lourds, on ne risquera rien à acquérir un drone DJI Mavic 3 Classic (1529 fr. sans télécommande), le seul modèle muni d’une étiquette de classe déjà disponible sur le marché à l’heure où nous écrivons ces lignes. Bonne nouvelle, il est la référence des connaisseurs avec sa vidéo 5,1K et bénéficie d’une très bonne autonomie (46 min.).
Les drones légers les mieux notés du marché
Sans surprise, le chinois DJI, qui truste le marché, se taille la part du lion dans notre classement. Il n’est cependant pas le seul à proposer des appareils de très bonne facture : chinoises également, les marques Autel Robotics et Yuneec se démarquent, de même que Parrot et ses drones made in France.
Une dernière recommandation, pour la route, de notre expert Fabian Jobin: «Allez dans un magasin spécialisé. Vous allez peut-être payer 5% plus cher que dans une enseigne généraliste, mais vous bénéficierez des conseils de professionnels et pourrez essayer les produits qui vous intéressent. » Sans compter les avantages en termes de service après-vente et de support technique.
On l’a vu, faire voler un drone n’est pas un jeu d’enfant, ni seulement un hobby d’adulte. C’est un domaine où le respect des règles n’est pas en option. Mais une fois ces obligations assimilées, le champ des possibles est néanmoins enivrant. Bon vol!