Laissez derrière vous votre véhicule, à l’entrée de Gros Mont, et prenez la clé des pâturages par le large chemin qui conduit à l’entrée du vallon encaissé des Morteys. Au bout de 2 km, bifurquez à droite après avoir enjambé le ponton en bois et grimpez à travers champs: vous voici aux portes de la réserve naturelle du Vanil Noir, havre de paix dominé par le majestueux sommet du même nom, juché à 2389 m d’altitude. D’abord rocailleux et quelque peu abrupt, le sentier flirte avec la forêt et dévoile déjà une étonnante profusion floristique. Entre les rochers des Dents de Bimis et la pyramide de la Dent de Folliéran se déploie un paysage préalpin immaculé, d’une beauté originelle qui saisit et retient le regard.

Ouvrez l’œil tout du long, tant il n’est pas rare d’y observer des marmottes, des chamois, des aigles puis, dès les premiers escarpements rocheux, de peu farouches bouquetins. Replats et montées se succèdent, longeant ici un torrent fougueux, dévoilant là des fleurs sauvages des plus charmeuses, tandis que la cabane des Marindes (1868 m) révèle déjà sa silhouette. Maintenant que vous venez d’avaler plus de 580 m de dénivelé, goûtez à l’hospitalité des gardiens et repaissez-vous d’une soupe aussi succulente que méritée (pas d’autre restauration). On ne se lasse pas de ce paysage extraordinaire, sur lequel les plus hauts sommets fribourgeois esquissent des ombres chinoises. Le chemin du retour ne sera pas de trop pour en prendre toute la mesure.

Le conseil du Chef

Poussez jusqu’à l’alpage des Morteys, niché à quelques pas de la cabane des Marindes. En ce lieu isolé du monde, d’où le fromage est transporté à dos de mulet vers la vallée, vous pourriez bien tomber sur Bruno Gachet. Affable, l’exploitant se fera un plaisir de vous approvisionner en gruyère, sérac et crème double.