Mermaiding : testé pour vous

Quel est le point commun entre la natation synchronisée, la monopalme et la plongée en apnée? Le mermaiding, pardi (dérivé de mermaid, soit sirène en anglais) ! Cette drôle d’activité, doux mélange entre sport et loisir artistique, fait des émules en Suisse romande depuis plusieurs années déjà.

En piscine et non dans le lac

C’est donc fortement intrigués par ce loisir nautique que mes collègues Flora et Marlène et moi-même partons à l’aventure. Alors que je pensais prendre le large au bord du Léman pour poser sur un rocher surplombant le lac, direction la piscine couverte des Chavannes,à Cossonay, qui nous accueille pour  cette session découverte.

Ariel en chair et en os ?

Jessica Maag, sirène professionnelle © Loisirs.ch

Nous rencontrons Jessica Maag, notre instructrice dont les cheveux roux flamboyant ne sont pas sans  rappeler ceux d’Ariel la petite sirène. Educatrice sociale dans le civil, cette Vaudoise au regard perçant et au maquillage aussi brillant que la perle d’une huître a eu le coup de foudre pour le mermaiding après avoir visionné un clip de Lady Gaga. Depuis, la jeune femme enchaîne les formations et les récompenses (Miss Mermaid Switzerland en 2015 notamment).

Le mermaiding : plus qu'un simple sport

« Le mermaiding représente davantage qu’un sport. Nos élèves adorent se glisser dans la peau d’un autre pour pénétrer dans un univers magique », explique Jessica avec un grand sourire. Un hobby qui mêle aussi bien défi physique, développement personnel et jeu de rôle donc. Car se prendre pour une sirène ne se limite pas à arborer une nageoire aux écailles irisées, mais également d’embrasser une certaine esthétique, à commencer par les perruques, fard et rouge à lèvres. Jessica me prodigue une astuce : « Les maquillages à base de crème coûtent bien moins cher que le waterproof et s’avèrent tout aussi efficaces ! »

Un loisir qui explose

Apparu au début du XXe siècle aux Etats-Unis, le mermaiding se cantonnait dans un premier temps à des ballets aquatiques ou à de la figuration à… Disneyland ! La discipline explose dès les années 2010 avec une éclosion de centres d’apprentissage dans le monde entier. Là où la petite sirène d’Andersen rêvait de devenir humaine, ce sont désormais des hommes et femmes qui aspirent à retourner dans les abysses. Ainsi, on compte près d’une trentaine d’écoles en Suisse. En 2019, c’est la consécration : le mermaiding obtient la reconnaissance de la Fédération suisse de sports subaquatiques.

Un costume de sirène qui peut coûter cher

Les monopalmes qui nous serviront à nous mouvoir sous l'eau © Loisirs.ch

Notre monitrice nous présente ensuite notre équipement : un panel de queues de sirènes plus colorées les unes que les autres. J’apprends ainsi qu’un costume, dont la matière peut varier entre tissus de maillot de bain, latex ou silicone, peut aussi bien coûter une centaine de francs que plusieurs milliers de francs. Tout cela me semble bien trop moulant à mon goût. Flora, qui m’explique adorer les activités aquatiques de manière générale, paraît davantage en confiance. Qui a dit que le ridicule ne tue pas ?

Dans la peau d’un triton

Nous voici au bord de l’eau, plus moyen de reculer ! C’est avec appréhension que je revêts ma tenue de « triton », l’équivalent masculin des sirènes. Comment vais-je donc bien pouvoir me mouvoir, les jambes enfermées dans un tel accoutrement ? « Ces tenues peuvent peser jusqu’à 20 kg, nécessitant parfois du lubrifiant pour les enfiler », explique Jessica. J’ai échappé au pire ! Toutefois, une fois mon costume revêtu, « I feel fabulous » ! Mais pourquoi ne pas s’être déplacé au bord du lac ? « Mieux vaut plonger en mer, il fait trop froid dans le Léman », m’avoue Jessica.

Une activité intense

Flora et Marlène s'entraînent à l'aide d'une planche de natation © Loisirs.ch

Une fois dans l’eau, je comprends rapidement à quel point cette activité se révèle physiquement intense. Bien que mes épaules, mon dos et tous mes abdominaux travaillent de concert pour tenter de nager en harmonie, le résultat s’avère décevant. Là où Marlène et Flora plongent avec aisance et enchaînent vrille ou rotations  avec élégance, j’ai l’impression de posséder autant de grâce qu’un sac à patate. Jessica essaie de me rassurer, en m’expliquant que les hommes ont généralement plus de peine à onduler. Son conseil ? M’imaginer faire l’amour pour paraître moins« carré ». Les rires fusent. Plus facile à dire qu’à faire !

Engouement pour le mermaiding

Notre maîtresse-sirène affirme que ses cours rencontrent tant d’engouement qu’elle se voit obligée de refuser du monde. « La fraîcheur de la discipline représente l’un des plus grands attraits. Certains en ont ras le bol de la natation ou de la compétition et cherchent de nouvelles sensations, souhaitent réaliser un rêve de petite fille ou simplement sortir de leur zone de confort », indique-t-elle.

Un sport complet et esthétique

Jessica Maag dans la mer © Jessica Maag

Après une heure à onduler joyeusement, je me rends à l’évidence : malgré mes nombreux efforts, il reste du chemin à parcourir pour se mouvoir tel un poisson dans l’eau ! Sans compter les courbatures et la découverte de muscles dont je n’avais pas connaissance. De leur côté, mes collègues n’ont pas boudé leur plaisir et font preuve d’une belle maîtrise de ce sport aussi singulier que ludique.

Epuisé, j’apprends que nous avons à peine effleuré les possibilités du mermaiding. Apnée dynamique, pose sous l’eau les yeux grands ouverts,défilés, contrôle de sa respiration, figures complexes, épreuves de vitesse et de sauvetage : cela ne rigole pas ! Pour une démonstration complète, rien ne vaut une compétition. Cela tombe bien car la cinquième édition des Merlympics, les olympiades européennes du mermaiding, se tiendra en septembre 2022 à Fiesch, en Valais. Cela ne s’invente pas !

Activité testée en avril 2022